Suite du débat sur l’efficacité des thérapies psychanalytiques entre le chercheur en sciences cognitives Franck Ramus et le psychologue clinicien Thomas Rabeyron. Assiste-t-on à la revanche de Freud ?
1) Concernant la transformation de la personnalité « en profondeur » par la psychanalyse : il s’agit d’un conditionnement au (très) long cours ,qui aboutit à faire des croyants, des disciples (freudiens, jungien, lacanien, ferenczien, etc.).
2) Les associations libres permettent n’importe quelles interprétations. Avec tous les mots, images et concepts qu’énoncent les analysés, l’analyste peut faire des associations selon une voie tantôt courte tantôt longue. Il peut tout mettre en rapport avec tout. Cette associabilité accommodante permet d’aboutir immanquablement à une construction qui a du sens et à la théorie du psychanalyste… freudien, néo-freudien, jungien, adlérien, lacanien, etc.
3) Sur l’affirmation « les cliniciens ayant eux-mêmes réalisé un travail personnel sont habituellement de meilleurs psychothérapeutes » : ce n’est pas évident, car les thérapies « didactiques » sont des entreprises de « formation » qui aboutissent à un conditionnement à la théorie . Voir :
4) Sur l’affirmation : « certaines phobies traduisent un conflit psychique inconscient ». En tant que comportementaliste (ex-psychanalyste) j’ai traité des centaines de phobies sans avoir besoin de découvrir comme Freud ans le cas du Petit Hans que sa peur des chevaux provenait du complexe d’Œdipe, le cheval symbolisant le père castrateur du petit garçon ayant des désirs soi-disant « incestueux ». Sur ce cas :
Quand je travaillait dans un Centre de psychologie clinique d’orientation freudo-lacanienne, un mes collègues a exposé triomphalement le cas d’une « phobie des examens » en disant que c’était une « phobie des sex-à-mains ». J’ignore si la cliente n’a plus eu peur des examens ou si, comme la célèbre Dora, elle a fui les interprétations grotesques.
5) Sur le critère de démarcation et son idée de départ chez Popper :
6) Sur l’argument « j’ai le sentiment que Franck ne connaît pas la psychanalyse », je puis rassurer sur cette connaissance dans mon cas : analyse didactique, thèse de doctorat sur Freud et pratique de la psychanalyse pendant près de 10 ans. Bilan après quelques années de plus et mon passage aux TCC :
7) Concernant les études qui prouvent l’efficacité de la psychanalyse. La psychanalyse de Freud a débuté avec un scandaleux mensonge sur l’efficacité de la cure d’Anna O. Voir :
Freud n’a pas hésité à continue à mentir sur ses résultats et même à inventer des cas. Avec le temps, la pauvreté des résultats étant devenue publique, Freud a reconnu le manque d’efficacité de sa méthode. Voir :
C’est la raisons pour laquelle il s’est limité à faire des didactiques durant les 20 dernières de sa vie.
Les travestissements de la vérité sont d’autant plus tentants et fréquents qu’il est question du gagne-pain, de son poste d’enseignant à l’université, de défendre sa foi ou de se glorifier !!
8) Le complexe d’Œdipe pour Freud ce n’est pas simplement « le désir de dormir avec leur parent ou aimeraient exclure l’un des deux parents ». Ce qu’écrivait Freud :
9) Sur l’affirmation « les hypothèses freudiennes sur le rêve étaient très en avance sur leur temps » : Freud a repris la conception de Griesinger (milieu du 19e s.) sur le rêve comme réalisation d’un désir et il l’a arbitrairement généralisée. Pour des détails :
Rho… la légende urbaine du « je-nous »… à chaque fois que je l’ai entendue, c’était pour dénigrer la psychanalyse !
Cela dit, ce débat, —et merci de le proposer !— est fortement présent dans l’université de psychologie où j’étudie. Une prof de psychanalyse nous a d’ailleurs recommandé l’article de M. Rabeyron sur l’évaluation des psychothérapies (en réponse aux critiques dont elle a fait l’objet).
Dès la L3, nous devons choisir une orientation pour la suite de notre cursus. Quel dilemme !
Déjà familiarisée avec les approches psychodynamiques, je tente depuis peu une TCC pour moi-même. Je me dis qu’à défaut de consensus scientifique, la conviction personnelle ou plus simplement l’affinité personnelle avec telle ou telle approche peut jouer beaucoup dans la qualité de prise en charge de la future clinicienne que j’aspire à être. J’ai encore quelques mois avant de faire ce choix d’orientation que j’espère le plus éclairé possible. Votre publication y participe, merci.
Le décodage par « pont verbal » (Passwort) ou « mot-pont » (Wort-Brücke) est une idée de Freud. Il permet des interprétations à jet continu. Ainsi, quand l’Homme aux rats, célèbre patient de Freud, se trouvait trop gros ("zu dick") et s’efforçait de maigrir, Freud y a vu le désir de tuer son rival appelé Richard et surnommé Dick : vouloir être moins dick c’est vouloir tuer Dick… inconsciemment (VII 411). (Soulignons en passant la façon dont Freud publie ses observations. Dans ses notes, retrouvées après sa mort, il écrit à propos de cette interprétation : « Ceci est ma trouvaille et il ne sait pas l’apprécier » (1907-1908). Dans le texte destiné aux lecteurs, il affirme pourtant que c’est le patient qui a lui-même découvert cette signification !)
Le décryptage par mot-pont a été abondamment exploité par Lacan, qui l’appelait «décomposition signifiante» et disait : «J’attache énormément d’importance aux jeux de mots. Cela me paraît la clé de la psychanalyse» (2005: 96). Selon sa «théorie de la suprématie du Signifiant sur le signifié», l’Inconscient est régi par les propriétés phonétiques des mots et non par les significations auxquelles les mots renvoient normalement ; les significations dépendent essentiellement des interrelations des mots en tant que mots. Dès lors, la pratique analytique s’apparente à un jeu de calembours, un jeu facile à la portée de tous et qui fonctionne à tous les coups. Si quelqu’un dit «ne me prenez pas au mot», il dit sans le savoir qu’il a peur d’être pris pour un homo…
1) Concernant la transformation de la personnalité « en profondeur » par la psychanalyse : il s’agit d’un conditionnement au (très) long cours ,qui aboutit à faire des croyants, des disciples (freudiens, jungien, lacanien, ferenczien, etc.).
2) Les associations libres permettent n’importe quelles interprétations. Avec tous les mots, images et concepts qu’énoncent les analysés, l’analyste peut faire des associations selon une voie tantôt courte tantôt longue. Il peut tout mettre en rapport avec tout. Cette associabilité accommodante permet d’aboutir immanquablement à une construction qui a du sens et à la théorie du psychanalyste… freudien, néo-freudien, jungien, adlérien, lacanien, etc.
3) Sur l’affirmation « les cliniciens ayant eux-mêmes réalisé un travail personnel sont habituellement de meilleurs psychothérapeutes » : ce n’est pas évident, car les thérapies « didactiques » sont des entreprises de « formation » qui aboutissent à un conditionnement à la théorie . Voir :
https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/220818/la-psychanalyse-didactique-purification-ou-conditionnement
4) Sur l’affirmation : « certaines phobies traduisent un conflit psychique inconscient ». En tant que comportementaliste (ex-psychanalyste) j’ai traité des centaines de phobies sans avoir besoin de découvrir comme Freud ans le cas du Petit Hans que sa peur des chevaux provenait du complexe d’Œdipe, le cheval symbolisant le père castrateur du petit garçon ayant des désirs soi-disant « incestueux ». Sur ce cas :
https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/270518/le-petit-hans-le-phobique-exemplaire-selon-freud-et-les-freudiens-1
Quand je travaillait dans un Centre de psychologie clinique d’orientation freudo-lacanienne, un mes collègues a exposé triomphalement le cas d’une « phobie des examens » en disant que c’était une « phobie des sex-à-mains ». J’ignore si la cliente n’a plus eu peur des examens ou si, comme la célèbre Dora, elle a fui les interprétations grotesques.
5) Sur le critère de démarcation et son idée de départ chez Popper :
https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/180217/karl-popper-un-celebre-deconverti-de-la-psychanalyse
6) Sur l’argument « j’ai le sentiment que Franck ne connaît pas la psychanalyse », je puis rassurer sur cette connaissance dans mon cas : analyse didactique, thèse de doctorat sur Freud et pratique de la psychanalyse pendant près de 10 ans. Bilan après quelques années de plus et mon passage aux TCC :
https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/201121/les-desillusions-de-la-psychanalyse-2021
7) Concernant les études qui prouvent l’efficacité de la psychanalyse. La psychanalyse de Freud a débuté avec un scandaleux mensonge sur l’efficacité de la cure d’Anna O. Voir :
https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/110718/anna-o-le-cas-paradigmatique-de-la-psychanalyse
Freud n’a pas hésité à continue à mentir sur ses résultats et même à inventer des cas. Avec le temps, la pauvreté des résultats étant devenue publique, Freud a reconnu le manque d’efficacité de sa méthode. Voir :
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2367
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2412
C’est la raisons pour laquelle il s’est limité à faire des didactiques durant les 20 dernières de sa vie.
Les travestissements de la vérité sont d’autant plus tentants et fréquents qu’il est question du gagne-pain, de son poste d’enseignant à l’université, de défendre sa foi ou de se glorifier !!
8) Le complexe d’Œdipe pour Freud ce n’est pas simplement « le désir de dormir avec leur parent ou aimeraient exclure l’un des deux parents ». Ce qu’écrivait Freud :
«https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/240117/le-complexe-d-oedipe-1-version-populaire-et-version-freudienne
9) Sur l’affirmation « les hypothèses freudiennes sur le rêve étaient très en avance sur leur temps » : Freud a repris la conception de Griesinger (milieu du 19e s.) sur le rêve comme réalisation d’un désir et il l’a arbitrairement généralisée. Pour des détails :
https://www.pseudo-sciences.org/Les-interpretations-des-reves-sont-elles-valides-et-utiles
Rho… la légende urbaine du « je-nous »… à chaque fois que je l’ai entendue, c’était pour dénigrer la psychanalyse !
Cela dit, ce débat, —et merci de le proposer !— est fortement présent dans l’université de psychologie où j’étudie. Une prof de psychanalyse nous a d’ailleurs recommandé l’article de M. Rabeyron sur l’évaluation des psychothérapies (en réponse aux critiques dont elle a fait l’objet).
Dès la L3, nous devons choisir une orientation pour la suite de notre cursus. Quel dilemme !
Déjà familiarisée avec les approches psychodynamiques, je tente depuis peu une TCC pour moi-même. Je me dis qu’à défaut de consensus scientifique, la conviction personnelle ou plus simplement l’affinité personnelle avec telle ou telle approche peut jouer beaucoup dans la qualité de prise en charge de la future clinicienne que j’aspire à être. J’ai encore quelques mois avant de faire ce choix d’orientation que j’espère le plus éclairé possible. Votre publication y participe, merci.
Le décodage par « pont verbal » (Passwort) ou « mot-pont » (Wort-Brücke) est une idée de Freud. Il permet des interprétations à jet continu. Ainsi, quand l’Homme aux rats, célèbre patient de Freud, se trouvait trop gros ("zu dick") et s’efforçait de maigrir, Freud y a vu le désir de tuer son rival appelé Richard et surnommé Dick : vouloir être moins dick c’est vouloir tuer Dick… inconsciemment (VII 411). (Soulignons en passant la façon dont Freud publie ses observations. Dans ses notes, retrouvées après sa mort, il écrit à propos de cette interprétation : « Ceci est ma trouvaille et il ne sait pas l’apprécier » (1907-1908). Dans le texte destiné aux lecteurs, il affirme pourtant que c’est le patient qui a lui-même découvert cette signification !)
Le décryptage par mot-pont a été abondamment exploité par Lacan, qui l’appelait «décomposition signifiante» et disait : «J’attache énormément d’importance aux jeux de mots. Cela me paraît la clé de la psychanalyse» (2005: 96). Selon sa «théorie de la suprématie du Signifiant sur le signifié», l’Inconscient est régi par les propriétés phonétiques des mots et non par les significations auxquelles les mots renvoient normalement ; les significations dépendent essentiellement des interrelations des mots en tant que mots. Dès lors, la pratique analytique s’apparente à un jeu de calembours, un jeu facile à la portée de tous et qui fonctionne à tous les coups. Si quelqu’un dit «ne me prenez pas au mot», il dit sans le savoir qu’il a peur d’être pris pour un homo…